FARA

Français: Pandanus, Vacoa
Marquises Nord: Ha'a
Marquises Sud: Fa'a
Tuamotu: Fara, Tima, Puhara
Gambier: Ara, Hara (fruit)
Australes (Rapa) : Kai'ara
Autres îles de Polynésie française : Fara


Le Fara est répandu naturellement en Australie, Micronésie, Mélanésie et
Polynésie. Il s'agit du Pandanus indigène le plus commun de Polynésie française car plusieurs autres variétés ou espèces endémiques existent dans des habitats particuliers et plusieurs ont été introduites à des fins utilitaires.
Le Fara est présent dans l'intégralité des îles de Polynésie française. Dans
les atolls, il est très commun même sur les sols pauvres des feo. Dans les îles hautes, il peut être trouvé dans des conditions très sèches à très humides, jusqu'à 1 000 m d'altitude, sur des sols rocheux ou de l'argile (mamü).
Différentes formes ont été reconnues en Polynésie française et sont dis-
tinguées par la forme et la couleur des fruits.
Monocotylédone arbustive ou arborescente de la famille des Panda-
nacées, pouvant atteindre 12 m de hauteur, possédant des racines échas-
ses et un tronc épineux de diamètre constant voisin de 20 cm. Feuilles
étroites disposées en spirale, pouvant atteindre 2 mètres de longueur, dotées d'épines sur les marges ainsi que sur la nervure médiane. Nombreuses fleurs mâles de couleur blanche réunies en inflorescences pendantes enveloppées dans des bractées odorantes blanches (Hinano). Fleurs femelles regroupées dans un organe sphérique spécifique.
Fruit mesurant jusqu'à 30 cm de long et 25 cm de diamètre composée de
plusieurs dizaines de drupes de couleurs blanche à la base, jaune à orange
au milieu et vert au sommet. Drupes de tailles très variables (de 1,5 à 12 cm de longueur) et contenant 1 à 3 graines blanches ovoïdes de 1 cm de long.
En fleurs et en fruits toute l'année.
Le Fara peut être utilisé dans l'alimentation, principalement en temps de disette:
-la pulpe est mangée après que le fruit ait été bouilli dans l'eau
ou cuit dans le four tahitien,
-la pulpe peut être mélangée avec de la noix de coco râpée pour
former des galettes séchées au soleil puis cuites le moment
venu,
-les amandes, une fois extraites de la graine, peuvent être man-
gées crues,
-la pulpe servait à préparer une boisson fermentée aux Marquises
et aux Tuamotu,
-les jeunes racines échasses, encore tendre, peuvent être man-
gées après cuisson (saveur de l'igname).
Les drupes colorées et odorantes sont utilisées dans les couronnes
et colliers de fleurs. Celles de certaines variétés étaient sacrées (tapu) et réservées à la confection de colliers pour les seules idoles ou tiki aux lies Marquises.
Les bractées de l'inflorescence mâle sont utilisées pour parfumer
les colliers de fleur et également le mono'i.
lLes feuilles de la variété type ou plus fréquemment celles de variétés introduites cultivées sans épines sont utilisées pour la confection de revêtement de toiture (aujourd'hui principalement pour les hôtels) mais aussi pour celle de nombreux objets tressés tels les chapeaux, corbeilles, éventails, nattes (pe'ue), paniers et voiles de pirogue. Les principales îles productrices sont Maiao et Niau pour les toitures et les Australes pour les objets tressés.
Le papier enveloppant le tabac à fumer était autrefois fait de feuilles de pandanus dédoublées. La fibre des racines aériennes était utilisée en tant que lien ou cordage.
La partie externe du tronc (creux par ailleurs) était utilisée pour la
confection de manches de harpons, tiki, tambour ou encore pirogue. Elle est aujourd'hui encore utilisée en tant que poteau plus ou moins décoratif pour les maisons mais aussi en objet artisanal sculpté.
Les applications médicinales utilisent le bourgeon terminal, les racines aériennes, le suc des fruits, la sève des troncs et racines et permettent de traiter les orchites, le tétanos, les rhumatismes, la blennorragie et la lymphangite filarienne.
Lors de la création de nouveaux dieux, le cordon ombilical Ro'o devint le pandanus sur lequel pend la fougère Maire.
La grand-mère de Rata, 'Ui-'ura, lui dit qu'avant d'inaugurer une pirogue, il faut prendre des graines de Fara, et de nuit, les jeter en poignée dans la direction supposée de la pirogue, puis l'immerger dans la mer, la dédier au Dieu de l'intérieur des terres To'ahiti, afin de présager une longue vie à la pirogue.